M. Paul Kagamé |
Alors que doit être commémoré, à partir d'avril, le vingtième anniversaire
du génocide des Tutsi au Rwanda, les Etats-Unis haussent le ton à l'égard du
régime de Paul Kagamé comme jamais ils ne l'ont fait depuis cette tragédie.
Washington est « préoccupé par la succession de ce qui semble être des meurtres à mobiles politiques
d'exilés rwandais influents », a déclaré jeudi 16 janvier Jen Psaki.
La porte-parole du
département d'Etat ne
s'est pas contentée de cette remarque insistante et inédite, consécutive au
meurtre, le 1er janvier en Afrique du Sud, du
colonel Patrick Karegeya. Cet ancien proche de M. Kagamé et chef des servicessecrets
rwandais est devenu un farouche opposant de son régime. « Les récentes
déclarations du président Kagamé à propos des “conséquences” pour ceux qui
trahissent le Rwanda nous inquiètent au plus haut point », a poursuivi Mme Psaki.
Deux semaines
après la découverte du meurtre commis à Johannesburg et attribué au régime de
Kigali par l'opposition, le chef de l'Etat rwandais avait averti, en une claire
allusion au sort de M. Karageya, mais sans le nommer : « La trahison a des conséquences.
Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une
victime. » Qui donc a tué Patrick Karegeya ? M. Kagamé enfonce le clou
dans le dernier numéro de
l'hebdomadaire Jeune Afrique: « Le terrorisme a un prix, la trahison a
un prix, déclare-t-il. On est tué comme on a soi-même tué. Chacun
a la mort qu'il mérite. »
« GÉRER LES
GÉNÉRAUX EN INSTILLANT LA PEUR »
Le président
reproche à ses opposants de chercher à parasiter l'anniversaire du génocide et les
accuse de préparer des « actes terroristes ».
Il est vrai qu'en août 2010, au lendemain de la réélection pour sept ans de
Paul Kagamé émaillée d'attentats à la grenade à Kigali, le colonel aujourd'hui
éliminé avait déclaré : « Le changement ne peut pas venir par l'élection, mais par des moyens
violents. » Mis au
ban du régime en 2004 après une décennie à la tête des services
secrets,emprisonné puis exilé en 2006, le colonel Karegeya, cofondateur du
Rwanda National Congress (opposition), n'est pas le premier haut responsable
tutsi, fidèle du président, rival potentiel et détenteur de secrets d'Etat, à être mis à l'écart.
En 2010, des
tireurs avaient tenté, en vain, de tuer le général dissident Faustin Kayumba
Nyamwasa, ancien chef d'état-major de l'armée rwandaise
et grand rival de Paul Kagamé, lui aussi exilé à Johannesburg. Ces cibles ont
en commun d'être, comme le président, des Tutsi
anglophones nés durant l'exil de leurs familles en Ouganda. Ils ont
dirigé l'offensive qui, partie de ce pays, a envahi le Rwanda, mis fin en 1994
au génocide des Tutsi et conduit M. Kagamé au pouvoir.
Quatre jours
avant d'être tué, probablement pas strangulation,
Patrick Karegeya avait adressé à un groupe religieux basé aux Etats-Unis une lettre
terriblement accusatrice : «
Jamais depuis l'époque d'Idi Amin [le dictateur sanguinaire aupouvoir en Ouganda entre 1971 et 1979] les
services de sécurité d'un Etat n'ont terrorisé un pays à un degré où ceux du
Rwanda répandent la peur et la terreur sur les citoyen de ce pays », a-t-il
écrit le 28 décembre. Charles Rwomushana, un analyste ougandais indépendant
cité par l'agence Associated Press, va dans le même sens : Paul Kagamé, dit-il,
veut « gérer les généraux en instillant la peur »car il souhaite se reposer sur « une nouvelle
génération » d'officiers n'ayant aucun lien direct avec la rébellion
qui l'a conduit au pouvoir.
L'éviction, en
2013, de l'influent ministre de la justice Tharcisse
Karugarama, hostile à un troisième mandat du président que l'actuelle
Constitution n'autorise pas, semble participer de cette même stratégie. Ce contexte
tendu peut expliquerle crescendo de la critique américaine
d'un régime dont les réels succès économiques, sociaux et sécuritaires ont
longtemps justifié les faveurs de Washington. Longtemps, la culpabilité née de
la cécité et de l'inaction occidentales au moment du génocide de 1994,
culpabilité que le régime sait parfaitementexploiter, a étouffé toute velléité de reproche.
TENSIONS
RAVIVÉES AVANT LE 20e ANNIVERSAIRE DU GÉNOCIDE
En 2010, après
l'assassinat et l'arrestation de plusieurs chefs de l'opposition,Washington
avait stigmatisé « une série d'actions inquiétantes (…) qui
constituent des tentatives de restreindre la liberté d'expression ». En juillet 2013, après la publication d'un rapport de Human
Rights Watch décrivant
la coopération de Kigali avec les rebelles du mouvement M23 en République
démocratique du Congo, les Etats-Unis avaient haussé le ton en «
exigeant que le Rwanda mette fin immédiatement à toute forme d'aide » à ce mouvement.
Conséquence, le
M23, instrumentalisé par le Rwanda pour contrôler les richesses de son voisin
congolais, a été vaincu militairement par les forces armées de la RDC en novembre. Face à ces
contentieux, les autorités de Kigali ont toujours manié la rhétorique anti-impérialiste.
Paul Kagamé dit aujourd'hui ne pas accepterla logique selon laquelle « seules
les grandes puissances ont le droit et l'intelligence de dire qui est terroriste et qui ne l'est
pas ». Et un représentant
du Rwanda à l'ONU a invité les Etats-Unis à « s'occuper d'Al-Qaida et [à] laisser les Rwandais s'inquiéter du terrorisme auquel ils font face ».
A l'été 2012,
Washington avait gelé sa modeste assistance militaire – 200 000 dollars annuels
(147 000 euros) – pour cause de recrutement d'enfants-soldats dans les rangs du
M23. A la fin 2012, Londres, autre grand allié du régime Kagamé, a annoncé le
gel de son aide budgétaire. L'approche de l'anniversaire du génocide, qui va braquer l'attention du monde entier sur ce
petit pays, pourraitraviver les tensions. Les opposants sont
dénoncés non seulement comme des « terroristes » mais comme des «
révisionnistes » désireux
de jeter le trouble sur la mémoire des massacres
qui, en cent jours, d'avril à juillet 1994, ont causé la mort de 800 000
personnes, des Tutsi pour l'essentiel.
-
Journaliste au Monde
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Muvandimwe, nshuti ya SHIKAMA, turagushimira cyane umuganda utanga wo kubaka URWANDA rushya ubinyujije mu bitekerezo byawe( Komanteri). Kugirango turwanye urukungu rw'Agatsiko ni ngombwa ko buri komanteri ibanza gusuzumwa. Yohereze, irahita ijya ku rubuga mu minota mike niba idatandukira( kuvuga ibitajyanye n'inyandiko), itukana, cyangwa yuzuyemo uburere buke.
Wipfusha komanteri yawe ubusa ukoresha "ANONYMOUS", himba izina urikomeze kuko hari ibihembo mu Kuboza 2016 ku bantu 3 bazaba babaye indashyikirwa mu gutanga ibitekerezo. Dukomeje kubashimira ubwitange n'umurava muhorana. IMANA Y'I RWANDA ihorane namwe iminsi yose.
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