[Du fond du cœur d'un tutsi survivant du génocide, en ces moments de la 20ème commémoration du génocide perpétré contre les tutsi au Rwanda]
Chers compatriotes, Soyons forts et vigilants.
Que nous tous, Hutus et Tutsis, continuions à nous dépasser, à dépasser notre haine historique et consacrions nos prières à ce que le ciel nous aide à recouvrer le respect mutuel et les bonnes relations entre nos deux communautés. Le comportement d’un Dictateur têtu au Pouvoir au pays risque de radicaliser les cœurs des rwandais, hutus et tusi confondus. Alors que le retour à la normale des relations entre nos deux ethnies est encore un rêve au Rwanda, la radicalisation des cœurs et l’incitation à la haine ethnique entretenue par le régime de Kagame risquent de replonger le pays dans un bain de sang d’un degré de violence sans précédent dans l’histoire du continent africain.
Au moyens de programmes nationaux d’incitation de haine délibérément conçus, d’une part, les jeunes hutus risquent de se voir poussés vers l’extrémité de la haine contre les tutsi en général, et, d’autre part, les tutsi rescapé du génocide risquent de se retrouver face à un avenir incertain à cause de leur mutisme (état d’extrême terreur) et de leur complicité aveugle avec le régime d’un dictateur aussi impitoyable et que suicidaire. Il est vrai que nos sœurs, frères , parents , familiers et voisins ont été cruellement massacrés par les extrémistes Hutus pendant le génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi et qu’un très grand nombre de Rwandais de l’ethnie Hutu ont activement participé à ce génocide.
Il est cependant également vrai que tous les Hutus ne sont pas des génocidaires! C’est une réalité que nous devons accepter si nous sommes vraiment déterminés à favoriser le processus de réconciliation entre nos deux communautés ethniques. Nous connaissons un bon nombre de hutus qui ont été assez courageux pour risquer leur vie en cachant et en sauvant des amis et voisins tutsi, certains ont perdu leurs propres enfants en essayant de protéger un ou deux Tutsis. Ceci est réel et nous le savons bien. Tout le monde le sait. Alors pourquoi ces braves personnes doivent-ils être forcer de demander pardon pour des crimes qu’ils n’ont pas commis?
En ces jours de la 20ème commémoration du génocide de 1994 au Rwanda, nous savons que, deux jours avant le 7 Avril 2014, le jour où le monde entier se souvenait des victimes de ce génocide, un tutsi survivant du génocide a été lynché dans la partie sud de la province Ouest du Rwanda. Ceci s’est passé quand Ban Ki-moon le Secrétaire général de l’ONU était au Rwanda pour la même occasion! Nous savons aussi que, pendant ces jours de la 20ème commémoration du génocide, un certain nombre des nôtres, parmi lesquels le célèbre chanteur Kizito Mihigo, sont en détention illégale et subissent une torture psychologique.
Ce tutsi survivant du génocide et compagnie n’ont pas eu la chance de pleurer les membres de leurs familles horriblement massacrés en 1994. Un autre membre des familles décimées par le génocide perpétré contre les Tutsi, Mr Déo Mushayidi, croupi en prison, depuis quelques années, et fut condamné à perpétuité sans aucun témoin à charge ou à décharge entendu. Nous devons élever nos voix haute jusqu’à ce que le monde prenne conscience de la solitude des rescapés du génocide perpétré contre les Tutsis et de la façon dont ce génocide a affecté leurs chances, nos chances de recouvrer notre intégrité sociale. Les survivants du génocide ont longtemps été manipulés par un régime politique sans pitié pour eux, et puis pris en otage par le même monstre politique qui, rusé, a toujours su poser comme gardien des tutsis victimes du génocide aux yeux de la communauté internationale.
Les survivants du génocide furent très naïvement attirés par le fait que le Général Paul Kagame est lui-même de l’ethnie Tutsi et n’ont jamais réalisé à quel point ils lui ont, en quelque sorte, autorisé à sucer leur propre sang, pendant qu’en même temps il faisait tout pour ternir leur image aux yeux des hutus en général, et ainsi réussit-il à les abandonner à la merci de la misère et de la solitude. C’est ainsi que la communauté internationale et de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme furent subtilement dépossédées de toute chance d’entendre la voix directe des rescapés du génocide jusqu’à nos jours.
La voix qui atteint leurs oreilles est presque toujours celle de celui qui a méchamment dépossédé les survivants du génocide de leur droit à la parole. Il est vrai que les tutsi nés et/ou grandis au Rwanda sont aux yeux du régime de Kagamé de mauvais tutsis ou pour être plus clair des tutsi par défaut hostiles à son pouvoir. Ceci pourrait également être le cas pour d’autres tutsis francophones mais à un degré beaucoup moins élevé. Les pauvres survivants du génocide ont donc besoin de délivrance. Nous avons besoin d’être libérés. Nos associations et organisations de la société civile ont été prises en otage par le président Kagame et son parti politique au pouvoir, et ne sont maîtrisées que par la terreur.
Kagame et son parti, le Front Patriotique Rwandais-FPR ont toujours détourné tout ce qui est destiné aux survivants du génocide, même «l’attention » de ceux qui aimeraient compatir et celle de la communauté internationale. Cette dernière reçoit souvent la mauvaise version de l’histoire et la mauvaise information sur les réalités du déroulement journalier du génocide et sur la vie des survivants du génocide. La vraie version de ce qui s’est passé et de ce qui se passe aujourd’hui au Rwanda atteint rarement l’attention de la communauté internationale et de la plupart des organisations et militants des droits de l’homme. La version réelle et les vrais sentiments des survivants du génocide restent cachés très profondément dans leurs cœurs où leurs larmes ont trouvé refuge.
Que dire des Hutus et le régime FPR de Kagame?
Extrémistes hutus, Hutus modérés et Hutus ayant survécu le génocide perpetré contre les tutsi, sont tous rassemblés au sein d’un même groupe satanique de Rwandais: les «génocidaires». Ceux-ci sont obligés de se repentir et de demander pardon non pas pour des crimes qu’ils auraient commis, mais tout simplement par ce qu’ils sont nés «hutu»! Lorsque les familles de Hutus et de Tutsis tués par les troupes du FPR/Kagamé au Rwanda et au Zaire/RDC font entendre leur chagrin, ils sont condamnés soit à l’emprisonnement à vie, soit à l’exil ou à l’exécution sommaire (par » abagizi ba nabi » qui opèrent efficacement au Rwanda et à l’étranger). A l’heure actuelle, presque tout le monde sait qu’au Rwanda et au Zaïre/RDC, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers, de citoyens hutus furent brutalement massacrés par les troupes de Kagamé, alors qu’aucune enquête officielle n’a jamais été autorisée par les détenteurs du pouvoir au Rwanda.
Concentrons-nous maintenant sur la 20ème commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi
Au moment où le Rwanda et le monde entier commémoraient le génocide contre les Tutsi pour la 20ème fois, le 7 avril 2014, plusieurs familles de tutsis survivants du génocide pleuraient les leurs récemment assassinés au pays sous la méfiance totale de la police nationale et des institutions étatiques concernées. Ce fait ne fut évoqué dans aucun des discours prononcés, ce qui signifie que le Secrétaire général de l’ ONU et d’autres visiteurs pourraient avoir rentré chez eux sans la moindre idée du fait que de nombreuses familles de Tutsis survivants du génocide pleuraient non seulement pour ce qui s’est passé en 1994 seulement, mais aussi pour les exécutions sommaires récentes des membres de leurs familles au Rwanda. Peut-on dire que, pour eux, le génocide se poursuit encore aujourd’hui? Et se poser la question « par qui les rescapés du génocide perpétré contre les tutsi sont-ils assassinés depuis 1994 à nos jours (2014)? ». Ce n’est certainement pas par les pauvres hutu se trouvant en prison ci et là ou d’autres qui n’ont pas le pouvoir d’étouffer les enquêtes.
La réalité: les familles de Tutsis survivants du génocide sont en larmes, les familles de Hutu en général sont en sanglots, plusieurs familles de Tutsis qui ont grandi en exil depuis les années 1960 sont retournés à l’exil et leurs membres sont pourchassé pour être éliminés ou pleurent les leurs assassinés à partir de l’exil, des millions de citoyens congolais sont en deuil à cause de millions de congolais massacrés suite à l’ingérence des forces armées rwandaises aux problèmes internes de la RDC, un très grand nombre de Rwandais vivent en exil dans le monde entier; et tout ceci seulement parce qu’un dictateur impitoyable se maintient au pouvoir au Rwanda par tous les moyens et que le monde reste silencieux!
L’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada et le Royaume-Uni ont choisi de chanter les prouesses du dictateur quant au développement de l’infrastructure routière, l’absence de sachets plastiques dans les rues, …Ceci semble être, pour eux, une raison suffisante pour maintenir leur soutien politique et financier à un régime qui supprime des vies humaines au Rwanda, dans les pays voisins et ailleurs dans le monde.
Ces puissances occidentales semblent être très satisfaits de l’absence de sachets plastiques aux bordures des rues et avenues de la capitale, même quand elle s’accompagne de la suppression de vies humaines (assassinat d’opposants politiques en exil, assassinat et intimidation des journalistes, assassinat des membres actifs de l’opposition au pays, intimidation et assassinat de chefs religieux, emprisonnement illicite et assassinat de musiciens et chanteurs, intimidation des professeurs et avocats et celle des juges, … ).
L’’assassinat ou l’intimidation des citoyens ne signifie rien pour les superpuissances occidentales tant que la capitale du Rwanda sera maintenue bien propre pour qu’ils y réjouissent d’excellentes visites et y profitent de bonnes vacances avec leurs familles et amis. Mais une question se pose: qui est censé devenir l’habitant de ce pays si les citoyens sont impitoyablement assassinés en grand nombre, et dans l’impunité totale? Aucun journaliste indépendant, aucun politicien d’opposition, pas de militants des droits de l’homme, et pas de droits fondamentaux pour les citoyens au pays! Et les puissances occidentales, modèle de référence en matière de démocratie, sont juste là pour applaudir et louer les réalisations d’un chef autoritaire au pouvoir depuis maintenant 20 ans. Est-ce à dire qu’ils se moquent de notre naïveté et de notre inactivité devant une situation politique inacceptable au Rwanda?
Le moment est venu pour que ces puissances mondiales réalisent qu’ils sont entrain de soutenir et de protéger un suppresseur de vies, de libertés humaines et des droits humains. Il est grand temps pour ces maîtres du monde de comprendre combien ils sont entrain de torturer le peuple Rwandais, le peuple congolais et toute l’Afrique, en soutenant un tel régime politique dans un pays africain. Leur engagement, leur soutien et leur contribution sont d’importance capitale dans le processus d’aider les rwandais à éviter que le pire ne se produise dans un avenir prochain. C’est effrayant de constater qu’au Rwanda : La tempête est très violente, le navire chavire dangereusement, et un naufrage catastrophique s’annonce déjà!
Ceci est cependant encore évitable
Tolérance, pardon et dialogue sincère sont parmi les moyens les plus efficaces que nous pouvons engager afin de parvenir à concilier les aspirations de nombreux groupes sociaux de Rwandais et des individus se trouvant soit au pays soit à l’étranger, pour notre commune meilleur avenir. Je termine ma lettre en souhaitant de bonnes choses à nous tous.
Prosper Bamana
Dakar, Sénégal
Le 23 avril 2014
Le 23 avril 2014
Find the English version here: My letter to compatriots
No comments:
Post a Comment
Muvandimwe, nshuti ya SHIKAMA, turagushimira cyane umuganda utanga wo kubaka URWANDA rushya ubinyujije mu bitekerezo byawe( Komanteri). Kugirango turwanye urukungu rw'Agatsiko ni ngombwa ko buri komanteri ibanza gusuzumwa. Yohereze, irahita ijya ku rubuga mu minota mike niba idatandukira( kuvuga ibitajyanye n'inyandiko), itukana, cyangwa yuzuyemo uburere buke.
Wipfusha komanteri yawe ubusa ukoresha "ANONYMOUS", himba izina urikomeze kuko hari ibihembo mu Kuboza 2016 ku bantu 3 bazaba babaye indashyikirwa mu gutanga ibitekerezo. Dukomeje kubashimira ubwitange n'umurava muhorana. IMANA Y'I RWANDA ihorane namwe iminsi yose.
Dg NKUSI Yozefu
www.shikamaye.blogspot.com
Uharanire ko Ukuri gusimbura ikinyoma.
Email: mahoriwacu@gmail.com; tel: +4745564355